Hyperempathie, hypersensibilité : Un terrain favorable pour les troubles alimentaires ?

Beaucoup de thérapeutes s’occupant de troubles du comportement alimentaire ne peuvent que constater ce lien et je ne dirai certainement pas le contraire.
Si la personne hyperempathique dispose de ce don de « sentir » ce que les autres ressentent et de percevoir plus rapidement ce qui se passe dans son environnement, ce don a aussi son revers.
Lorsque l’on est hypersensible, on est capable de capter intensément tout ce qui nous entoure et notre intuition est souvent plus vive.
Les émotions des autres sont absorbées et c’est un peu comme si on était à la place de l’autre, comme si on était dans sa peau. Aucun doute, comprendre les autres est sa grande spécialité !
Seulement voilà, à force de ressentir toute une série d’éléments provenant de l’extérieur, on a parfois beaucoup de mal à s’en détacher et à les ordonner ! Tous ses stimuli finissent par nous envahir et on ne sait plus comment situer le « soi » par rapport aux autres. On se sent complètement englué(e) par cet extérieur prenant.
In fine, les émotions et les sensations internes personnelles deviennent confuses

Ainsi, si notre hyper sensible/empathique à le don de percevoir son entourage, ce don peut devenir pour lui/elle un calvaire.
A force d’être enseveli par ce qui se passe autour, l’individu ne parvient plus à cerner ses propres émotions et son sentiment d’exister en tant que tel s’amenuise. Il vit au travers des autres mais un fois seul il est confronté soudainement à une sensation de vide.

Et c’est là que la nourriture remplit sa fonction ! Manger devient l’occasion de percevoir son propre corps, ses propres sensations : des sensations olfactives, des sensations au niveau du goût, des sensations au niveau de la mâchoire et surtout …une sensation d’être rempli(e) de quelque chose ! Le corps existe à nouveau…On existe donc à nouveau…On est bien d’accord que les effets sont éphémères et que le prix à payer est souvent douloureux, mais sur le coup, manger permet de renouer avec soi.
Chez les personnes souffrant d’hyperphagie ou de boulimie, le fait de se remplir jusqu’à ce que le ventre soit douloureux est une manière de se rassurer sur l’existence de leur corps.
Face à un extérieur vécu comme trop envahissant et un intérieur vécu comme le néant la nourriture trouve une place de rêve.

En même temps, comme l’extérieur, même si envahissant, est perçu comme intense, la personne aura parfois tendance à en rajouter une couche et à remplir encore et encore sa vie de stimuli pour échapper à ce trou béant qu’elle ressent au plus profond d’elle-même. D’où un rythme de vie en général particulièrement intense. Tant que l’individu est en mouvement, il se donne à fond et oublie le reste : le temps file, il zappe le repas, il oublie la fatigue et la douleur, il en arrive parfois même à négliger ses besoins naturels…Go, go, go !…La personne ne s’arrête plus et colle à ce qu’elle fait
La question de manger ne se pose alors pas…Pas encore !
Go, go, go peut-être, mais on ne peut tenir longtemps à cette vitesse là ! Les périodes d’hyperactivité vont ainsi s’alterner avec des périodes où tout bascule : on a du mal à se mettre en route, on sombre dans les compulsions alimentaires, on ne fait plus grand chose. D’où le fait que pour beaucoup, ce sera le soir, quand le boulot s’arrête, quand la confrontation aux éléments extérieurs s’estompe, quand le « soi » devient confus, que la nourriture va jouer son rôle…Reste alors à manger sans compter…
Pour d’autres, toutes ses pressions et ses sensations extérieures accumulées peuvent aussi s’échapper dans une compulsion d’achats ou de sport ou encore de sexe…la compulsion occupe alors une fonction libératoire dans un premier temps et permet de se sentir vivant, de percevoir son corps vivant.
La personne hypersensible se sent ainsi prise entre deux feux : un monde externe en partie perçu comme menaçant et où on se perd, et un monde interne oublié et perçu comme étant vide.
On pourrait résumer les choses comme suit :
« Trop de proximité avec les autres me bouffe, trop de distance et je bouffe »
La nourriture permet également de rendre supportable l’insupportable, toutes les émotions y sont emballées, étouffées, empaquetées.
Tout le focus, étant alors sur le fait de manger, les autres pensées désagréables sur la vie sont court-circuitées.
Dans le cas de l’hyperphagie, la prise de poids va par la même occasion engendrer une distance symbolique entre soi et l’autre : les kilos forment ainsi une bulle protectrice, une sorte de coussin pour amortir tout ce qui vient de l’environnement.
Bref, la boulimie ou l’hyperphagie va donner l’illusion de rejeter ou d’enterrer tout ce qui a été capté ainsi que toutes les contraintes de la vie

Pour s’en sortir, tout l’enjeu va être de trouver la juste distance entre l’autre et soi.
La personne devra apprendre à se détacher, se distancier de tout ce qu’elle perçoit. Ressentir, elle ne pourra pas s’en empêcher ; ce qu’elle va devoir trouver, ce sont des outils pour ensuite prendre distance avec ce qu’elle a absorbé, des stratégies pour pouvoir prendre du recul et prendre conscience de ses propres besoins. Un équilibre sera à trouver entre le dedans et le dehors. Le travail sera d’accéder à une consistance propre au travers de ses qualités, de ses ressources plutôt que de laisser la nourriture nous plomber et nous donner cette consistance.

Prenez bien soin de la personne que vous êtes…
Je vous embrasse,

Florence
Pour potentialiser votre bien-être et vous aider à devenir la meilleure version de vous-même !

Hyperempathie, hypersensibilité : Un terrain favorable pour les troubles alimentaires ?

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