Quelle attitude adopter face à un être aimé souffrant d’anorexie/boulimie ? Volet 1 : À éviter

Nous verrons dans le prochain article, ce qu’il est préférable d’adopter

Commençons par un récit en 4 tableaux…

Danaée, où le parcours d’une anorexique…

Danaée avait 13 ans quand elle en sombra dans l’enfer face à la nourriture. Plutôt mignonne, brillante élève, elle commença alors à faire une fixation sur son poids. Chaque partie de son corps fût scrutée avec mépris et considérée comme une masse de gras dégoulinante.
Dire qu’elle se voyait obèse est un euphémisme et pourtant la balance, elle, n’affichait que 35 kilos pour son mètre 60…
Elle s’enferma dans son monde, un monde hyper intellectualisé, où apprendre était sa seule façon de trouver sens à la vie. Un monde où la nourriture n’était que faiblesse humaine et s’affamer était perçu comme un ultime contrôle, une ultime performance.
Les jours commencèrent à être rythmés par le sport à outrance, les études et le calcul minutieux des calories ingérées…

Thérèse ou le témoignage d’une mère d’anorexique

Elle ne savait plus à quel Saint se vouer ; jamais on n’avait connu pareil problème dans la famille ! Pensez donc, une famille italienne où la nourriture est sacrée que dis-je divinisée ! Elle n’avait rien vu venir, elle pensait que sa fille voulait juste perdre 3-4 kilos rien de plus…Elle était si belle avec ses formes qui commençaient à voir le jour ! Et brillante élève avec ça : toujours première de classe, elle avait déjà à son actif quelques prix, quelques récompenses. Et puis, ce fut la chute, aujourd’hui en regardant sa fille, elle avait l’impression qu’elle sortait d’un camp de concentration ! Comment en était-elle arrivée là !? La culpabilité la tenaillait chaque jour davantage, qu’avait-elle fait ou manqué pour que sa fille sombre dans cette souffrance ? Et ce sentiment d’être devant un mur inébranlable contre lequel elle se sentait totalement impuissante…

Marc, jeune frère d’une anorexique

« Punaise, qu’est-ce qu’elle me gave avec ses minauderies ! Non, mais c’est pas possible, je suis sûr qu’elle compte la moindre calorie de ses 20 grammes de salade ! Elle va finir pas nous gâcher tous les repas de famille ! Mais bouffe bon sang, bouffe ! Et fous la paix aux autres ! Quoi ? Tu ne veux pas des spaghettis ? Trop gras ? T’inquiète, je vais les manger moi ! Heureusement que je suis là pour faire honneur à la cuisine de maman ! Note que l’avantage c’est que je peux me resservir à l’aise ! J’ai bien l’intention de profiter de la vie moi ! ».

Une implication à avoir ? Oui mais pas à n’importe quel prix…

La notion d’aide ne se situe pas toujours à l’endroit auquel on pense.
Quant à la culpabilité, elle ne sert à rien. Bien sûr vous n’êtes pas parfait, personne ne l’est. Vous avez sans doute fait de votre mieux avec vos propres valises et ce mal rongeant est de toute façon multifactoriel. En chercher la cause ultime ne vous mènera nulle part.
L’anorexie et la boulimie sont davantage liées à la manière de vivre ses émotions qu’à des évènements précis.
D’abord, vous n’êtes pas sa/son thérapeute et vous n’avez pas à en jouer le rôle.
La personne en proie à l’anorexie/boulimie a besoin d’équilibre et non d’une leçon de morale ou d’une personne qui sombre en même temps qu’elle.
Elle a besoin d’être rassurée sur le fait que le monde n’est pas totalement sombre et vide de sens.

À éviter…

La couver :

Souffrir d’un TCA c’est se sentir démuni, c’est se sentir encore un enfant en quête d’amour. La tentation sera dès lors très grande de materner la personne qui le vit.
C’est pourtant un piège auquel il ne faudra pas céder. Cette attitude se retournera à coup sûr contre vous car autant l’autre est en quête affective, autant ce maternage peut être vécu comme humiliant car renforçant son sentiment d’être nulle et de ne pas y arriver. Elle aura l’impression que vous ne lui faites absolument pas confiance et vous le fera payer d’une manière ou d’une autre. Bien sûr qu’elle a du mal avec sa vie et le monde qui l’entoure mais entrer dans un mode d’hyper protection ne va pas l’aider, juste l’agacer davantage.
Je sais que c’est dur pour vous, mais autant que possible, tendez vers une attitude bienveillante et non une attitude harcelante ou intrusive. La personne souffrant de TCA n’a plus beaucoup d’envies et la bousculer alors qu’elle se sent vide ne sert à rien.

Exprimer ses peurs, ses angoisses :

Ayez toujours en tête que la personne vivant avec l’anorexie/boulimie est une hypersensible : elle capte tout, y compris la moindre expression de votre visage. Évidemment, vous avez du mal à faire comme si vous ne ressentiez rien; bien sûr que vous êtes inquiet et c’est humain mais son angoisse à elle est déjà au centuple même si elle la dissimule. Revenir avec vos peurs ne fera dès lors qu’amplifier le trouble puisqu’elle l’utilise pour justement tenter de canaliser tout ce qu’elle ressent.
Je me rends compte combien il peut être difficile en tant que proche de cacher son inquiétude d’où l’importance de continuer à prendre soin de vous, de ne pas lâcher les choses qui vous aimez faire et qui vous font du bien. Parlez aussi de choses légères et agréables, la personne souffrant de TCA a davantage besoin d’être entourée de lumière que de soucis supplémentaires.

La raisonner à tout prix :

Naturellement, quand on n’est pas dedans, cette obsession pour la nourriture paraît surréaliste. Vous hallucinez d’autant plus que la personne souffrant de TCA manque rarement d’intelligence, que du contraire. Vous avez du mal à associer cette intelligence avec un tel comportement destructeur. Néanmoins la personne obsédée par la nourriture et son poids n’y peut rien, elle-même se sent possédée par son symptôme.
Avoir recours à la logique ne fera que la culpabiliser davantage car le problème n’est pas de l’ordre de la volonté.

Jouer la carte de l’autorité :

Après avoir tout tenté, vient la tentation de jouer la carte de l’autorité, de la confrontation. Cette fois, vous décidez de bousculer l’autre car vous n’en pouvez plus.
Il est normal que la colère s’empare de vous à certains moments malheureusement elle sera tout aussi inefficace que les autres attitudes mentionnées ci-dessus. La personne anorexique/boulimique ne le fait vraiment pas exprès, son but n’est vraiment pas de vous narguer. Colère et chantage seront donc tout aussi inutiles.
En bref, si l’on s’arrête à ce premier volet des attitudes à éviter, on pourrait résumer en reprenant des termes de l’analyse transactionnelle :
Évitez les positions de victime, de sauveur et de persécuteur : y céder, c’est entrer dans un cercle infernal sans fin…

Mais alors que faire bon sang ?????

Je vous rassure, dans le prochain article, nous explorerons ensemble les sentiers plus favorables mais comme trop d’infos tue l’info, je vous laisse d’abord intégrer ce premier chapitre à votre rythme….Avec douceur et bienveillance car ce sont deux ingrédients dont vous avez aussi particulièrement besoin en tant que proche

Florence
Pour potentialiser votre bien-être et vous aider à devenir la meilleure version de vous-même !

Quelle attitude adopter face à un être aimé souffrant d’anorexie/boulimie ? Volet 1 : À éviter

Social Media Auto Publish Powered By : XYZScripts.com

En continuant à utiliser le site, vous acceptez l’utilisation des cookies. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer